MANA

MANA

Histoire courte N°1

logo.gif

 

Je ne sais pas le nombre de fois où l'on doit s'excuser auprès de vous pour notre retard, mais oublions ça! :) A la place nous vous proposons une histoire qui écrit par Anaïs et Marie lors d'un projet pour notre cours d'économie.... Bref, laissons place à l'histoire en espérant que vous aimerez! 

 

Particulièrement Elle

Dans une salle, où la lumière ne passe pas, où le silence règne, une jeune femme, tout à fait normal, attend. Le cœur battant à cent-à-l’ heure, elle joue avec ses mains moites car anxieuse, elle se demande que va-t-il se passer. Soudain, la porte s’ouvre, un halo de lumière en sort, elle se raidie, se tient droite comme un piquet. Le moment tant attendu est arrivé. Et pourtant elle en a dû faire du chemin pour en arriver là. Dire qu’il y a quelques années, elle a tout arrêté…

Petite fille, elle vivait seule avec sa mère célibataire. Elle n’avait jamais connu son géniteur car dans le temps il s’était dit trop jeune pour être père et avait disparu sans laisser de trace. Ainsi la mère dût s’occuper seule de son éducation. Mais était-ce réellement une bonne idée ? En effet, la mère était un peu particulière, pour ne pas dire folle. Elle n’était pas à proprement dire « folle à lier », « dingue » ou « tarée », mais il y a des moments où on se demande si tout va bien dans sa tête. Quand l’envie lui en prenait, madame Slalaman se mettait en mode « homme », ce qui revenait à dire qu’elle était dans son état normal. Pour plus d’explication, voici un exemple typique d’un samedi soir : elle s’asseyait sur le canapé, les jambes ouvertes sans se préoccuper du savoir vivre en société, une bière à la main, regardant des combats très violents, très sanguinaire voire trop, s’y on se souciait du fait que sa fille, âgée de sept ans, assistait à tout. Vraiment quelle exemple cette mère ! Mais ce n’était pas tout, elle était capable d’être dure comme de la pierre avec sa fille, rien qu’en parole. Ses mots étaient capables de vous transpercer l’âme. Un jour la petite fille rentra de l’école, les yeux rouges, elle se plaignit à sa mère que l’un de ses camarades l’avait embêtée et volé son gouter. On pourrait tous croire qu’une mère normale consolerait son enfant, lui dirait des mots pour la réconforter mais ce n’était pas le cas de madame Slalaman. Voici ses mots exacts :

-          Que veux-tu que ça me fasse ? Tu es assez grande pour te débrouiller seule et cesse donc de pleurer, tu n’es plus une gamine ! Dans la vie, il y a une règle et c’est la loi du plus fort, soit tu marches, soit tu crèves. Et si tu te laisses écraser c’est que tu n’es pas ma fille. Demain, tu vas me faire le plaisir de mettre cet élève à sa place, qu’il comprenne qui est le plus fort entre vous deux. Faire souffrir quelqu’un, c’est savoir ne pas mâcher ses mots. T’a compris, Mana ?

Mana répondit oui tout en sanglotant.

-          Maintenant file dans ta chambre, espèce de pleurnicharde, dit sa mère durement.

Et voici comment la petite fut élevée, c’est-à-dire à la dure, comme un garçon. Il faut dire qu’elle était différente des autres filles, elle préférait la présence des garçons à celles des filles, les voitures de courses aux poupées Barbie, les pantalons aux jupes, le visage naturel au visage maquillé.

Au collège, même si elle ne s’entendait pas avec les filles, elle avait relativement de bonnes notes, des amis et était proche de sa mère. Tout se passait relativement bien. Sa mère était fière d’elle, car d’après madame Slalaman, Mana était à son image. Il n’y avait rien à dire, même si c’était un garçon manqué, tout se passait pour le mieux. Rien ne laissait présager ce qui allait arriver…

A la fin de la seconde, une nouvelle va bouleverser son univers. Sa mère avait pris conscience de son erreur d’éduquer sa fille comme un garçon, une amie lui avait dit que plus tard Mana aurait des problèmes d’insertion dans sa vie car elle ne saurait réagir face aux autres. Mis à part cela, elle s’inquiétait surtout de l’avenir familial de sa fille. Allait-elle devenir grand-mère ? Elle le voulait vraiment, des petits enfants à bichonner, puis aussi un gendre. Au fond, elle voulait que sa fille ait une vie meilleure que la sienne c’est pourquoi la mère a décidé de l’envoyer dans une école pour fille.

-          Mais c’est pas possible ?! Tu ne peux pas me faire ça ! Tu débloques ou quoi ? Une école pour fille ? Tu veux ma mort ? Tu me détestes ? Qu’est-ce que je t’ai fait pour mériter ça ? Et puis on peut savoir pourquoi ? Je suis une bonne élève, enfin t’as pas à te plaindre, je t’ai rendu la vie facile, je n’ai aucun problème de drogue, d’alcool ou tabac et on m’a accepté en ES ! Alors pourquoi ?!, avait protesté Mana

 

-          Tu me parles autrement jeune fille, je ne suis pas ton amie ! Si je t’envoie là-bas c’est pour ton bien, j’ai peur que tu finisses vieille fille ou complétement antisocial. Tu iras dans cette école que tu le veuilles ou non, et puis tu peux très bien faire ta filière là-bas ! Fin de la discussion.

Mana, folle de rage, retourna dans sa chambre et claqua sa porte. Elle shoota une cannette qui trainait à terre et l’envoya par la fenêtre, ensuite elle mit de la musique à fond la caisse dans la pièce, puis pour se défouler, frappa de toutes ses forces et avec tous les sentiments de férocité, de colère, de rage, d’impuissances, toute la hargne qu’elle avait dans son cœur, le punching-ball qui se trouvait dans sa chambre. Comment sa mère avait-elle pu faire une chose pareille ? Elle lui a toujours appris à vivre à la dure et soudainement, un beau matin comme ça, elle se dit qu’il faudrait transformer sa fille en fille. Non mais, elle est vraiment tarée !

Ce fut un jour en août où elle reçut la pire chose qui pouvait arrivé après l’annonce de sa mère. Un uniforme. Le genre d’uniforme d’école privée, la chemise blanche avec une cravate rose. Mais si ce n’était que ça, cela aurait pu passer. Et il a fallu qu’il y ait eu ça…une jupe quadrillée rose bonbon. Le pire c’est que c’est une horreur, celle qui vous donne envie de vomir, rien qu’à la voir. En plus, devoir la porter… Comment allait-elle supporter cette abomination pendant deux longues années ? Pour Mana c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. C’en était vraiment trop. Elle avait l’impression d’avoir été trahie par sa mère. Et elle piqua une crise avant de fuguer. Partir c’était la seule solution à cet enfer. Elle prit un sac avec quelques affaires et puis partit. Elle marcha longtemps à la recherche d’un refuge où elle serait en paix. Mana le trouva sur une plage. Elle s’assit sur le sable fin et regarda les vagues aller et venir, le son des vagues mourant sur la plage lui procurait un sentiment de sérénité. Elle demeura pensive. Pas question d’aller dans cette école, pas question de porter cet uniforme, cela allait à l’encontre de ce qu’elle était. Quitte à se faire renvoyer ou à échouer à l’école, elle ne restera pas. Elle fera tout son possible pour-… GRRRRRRRRRRRRR. Son ventre grogna, la faim l’avait gagnée. L’adolescente chercha dans son sac si elle avait pris de l’argent. Manque de bol, non. Il y eu une terrible lutte en elle. Devait-elle rentrer ou mourir de faim ? Ce n’était pas dans ses principes de mendier, elle avait appris à être autonome, et puis voler c’était tentant mais la prison ce n’était pas pour elle. Surtout qu’il n’y aurait que des filles là-bas, et que la jeune fille serait obligée d’y rester un long moment. Se connaissant, le choix était vite fait… Elle retourna chez elle. Et pendant toutes les vacances, elle s’enferma dans sa chambre jusqu’au jour fatidique.

Le jour de la rentrée, Mana se réveilla sans enthousiasme et se prépara sans conviction. Quand elle mit son uniforme, son amour propre lui avait dicté de mettre un legging sous la jupe, celui-ci arrivait aux genoux, même si ce n’était que ça, elle resterait elle-même. Tout le long du trajet, Mana se dit : « Faites que le lycée ait explosé avant que j’arrive, ou bien qu’une météorite l’écrase, que…qu’un miracle survienne. Pitié je-ne-sais-qui… ». Elle s’était mentalement préparée au pire mais rien ne l’avait préparé à ça. Même les pires cauchemars sont de doux rêves comparés à ça. Oui, ça, ce truc, cette affreuseté face à ses yeux. Le lycée ressemblait plus à une école primaire pour Mana. Ici, tout semblait dire « je vois la vie en rose », c’était l’univers merveilleux de toutes filles. Il y régnait une odeur de rose qui était très désagréable, les toilettes étaient parsemées de miroirs où un essaim de filles s’y agglutinait pour se refaire une beauté et se regarder  pendant des heures et des heures. Partout où il y avait des filles, il y avait un affreux bruitage, une sorte « piaf, piaf, piaf, piaf » infernale. « Plus stéréotypés, tu meures. »

Accompagnée de sa mère, elle se dirigea vers sa classe. Mana y entra seule pour récupérer son emploi du temps, son carnet et ses livres. Elle aurait voulu sortir toute suite mais son professeur principal, qui avait la quarantaine et un aspect tout à fait ennuyeux, la retint pour la réprimander. La lycéenne sentit que cela ne serait pas de la tarte cette année.

-          C’est peut-être le premier jour mais nous avons des règles mademoiselle Slalaman. Il est formellement interdit de porter des collants, de modifier l’uniforme comme bon vous semble, de porter de nombreux bijoux et de porter des baskets en dehors des séances de sport. S’il vous plait attachez cette cravate. Et veillez à ce que cela ne se reproduise plus. Compris ?, dit monsieur Koe d’une voix monotone et extrêmement molle.

 

-          Qu’est-ce qu’il y a à comprendre dans ça ? J’avais peur de m’écorcher les jambes dans les escaliers voilà pourquoi j’ai mis un legging. Pour mes deux chaînes c’est de l’art moderne, je suppose que vous ne connaissez pas. Quant aux baskets, elles emmènent une stabilité au corps comparées à vos vieilles chaussures réglementaires. Puis la cravate, je ne l’ai pas faite parce que j’ai besoin de respirer, j’ai l’impression de m’étouffer avec. Compris ?

Le professeur ouvrit grand les yeux devant cette insolence, l’élève sourit, puis dit très lentement :

-          Est-ce que vous voulez que je vous le répète plus lentement pour que vous le compreniez?

 

-          Espèce de petite insolente ! Vous allez me faire le plaisir de sortir de la salle, ordonna-t-il.

 

-          Oh, tout le plaisir est pour moi !

En sortant de la salle, fière de son coup, elle cocha la case « altercation avec un prof » dans sa liste imaginaire de choses à faire pour quitter ce bahut puis se balada dans les couloirs. Mana rencontra le genre de fille qu’elle détestait le plus, c’est-à-dire le genre superficielle, Fashion victime avec une voix criarde. A peine lui avait-elle tournée le dos qu’elle entendit une remarque désagréable sur elle, au début elle s’en fichait, habituée aux cancans et autres chipotages de fille mais cette fille avait dit un mot de trop et allait le regretter. Mana se retourna et lui donna une bonne droite en pleine figure. Des lycéennes qui avaient assistées à la scène, poussèrent un cri aigu de peur ce qui alarma les parents de chacune. Ils découvrirent la scène et se fâchèrent sur Mana et sa mère. Mana ne comprit pas pourquoi ils s’excitaient pour cela, une droite mais c’est rien une droite, elle qui avait été toujours habituée à être avec des garçons, une droite c’était une caresse sur la joue mais qui faisait mal. Ensuite, elle se dit que c’était  faible une fille,  heureusement qu’elle était forte. Sans être plus concernées par le problème, Mana et sa mère rentrèrent chez elles. De retour, la mère se mit à critiquer le comportement de sa fille.

-          Mana je sais que ton geste était justifié, mais faire cela le jour de la rentrée, t’aurais pu te retenir. Arrête d’être aussi impulsive, calme-toi car un jour tu risquerais de le regretter.

La semaine suivante, elle alla jusqu’à la grille du lycée en traînant les pieds. Elle regarda d’un air las le lycée, soupira longuement puis rebroussa chemin. Elle n’avait pas du tout envie d’y aller, elle préféra jouer à la console puis s’en lassa. Elle décida de faire du skate, mais trouvant le skate-parc trop bruyant, partit en quête d’un endroit plus tranquille, son refuge. D’un pas décidé, Mana alla à la plage, vers une crique, un endroit où elle aurait pu être coupée du monde. En y allant, elle croisa un jeune homme qui y partait, tenant à la main un ordinateur portable. Ne prêtant même pas attention au garçon, Mana le bouscula. Le garçon, décontenancé, lâcha son ordinateur qui glissa jusque dans l’eau. Une fois sa surprise passée, il interpella l’adolescente.

-          Non mais tu ne peux pas faire attention ?! Mon ordinateur est fichu maintenant !

Elle se retourna le regard à la fois froid, dur et noir, fixa un moment l’ordinateur puis continua son chemin comme si de rien n’était. Le garçon, énervé, la rattrapa et exigea des excuses. Un sourire sadique apparut sur les lèvres de Mana. Cette dernière le poussa avec violence, il perdit l’équilibre et tomba lamentablement dans le sable. Elle le cloua au sol avec son pied et lui dit clairement :

-          Tu demandes des excuses alors que tu es assez idiot pour emmener un ordi à la plage, t’es pas un peu con ?

Puis elle partit sans attendre la réaction du garçon, le sourire aux lèvres, car il lui avait servi de défouloir. Ah il était vraiment bien tombé !

Pendant deux semaines consécutives, elle séchait les cours et allait toujours à la crique. Mais était arrivé le moment où sa mère fut informée de son absentéisme, et cela n’allait pas tarder à barder. Ce jour-là madame Slalaman était partie dans une colère noire contre sa fille.

-          Comment as-tu pu oser sécher les cours ? Tu crois qu’on est riches ? Tu n’as pu rentrer dans ce lycée que grâce à une bourse faite par l’Etat qui stipulait que tu devais être une élève assidue et sérieuse. J’ai dû effectuer plusieurs crédits pour payer les dégâts de tes nombreuses bagarres, pour te nourrir, te loger, pour subvenir à tes besoins et à tes caprices. Je croyais t’avoir mieux élevée que ça et dire qu’à cause de toi je me traîne deux boulots minables. Et tu sais quoi ? Avec tes bêtises, il y a même un risque qu’on soit expulsées de la maison. Tu veux savoir pourquoi ? Parce que j’ai emprunté trop d’argent que je ne peux rembourser et maintenant je suis endettée.

 

-          Je ne t’avais pas demandée tout ça ! J’aurai bien voulu rester dans mon lycée public minable.

La mère la gifla sous la colère. Mana toucha sa joue écarlate, n’y croyant pas. C’était la première fois que sa mère la giflait… La mère n’en revenait pas, elle avait cru bien faire, elle avait tant sacrifié pour sa fille. Madame Slalaman avait renoncé à sa famille qui n’avait jamais accepté sa grossesse, elle a dû se battre seule et contre tous pour l’élever. Et aujourd’hui, la chair de sa chair osait lui faire ça, non mais quelle ingrate !

-          Sors de ma vue !

Mana serra du poing et des lèvres, elle ne voulait pas éclater, elle ne pouvait pas. Précipitamment, elle courut dans la route, courut à s’en casser les jambes, sans but précis. Puis doucement, elle ralentit petit à petit jusqu’à s’arrêter complètement. Elle n’en pouvait plus et éclata en sanglot pour la première fois depuis très longtemps, comme lorsqu’elle était enfant…

Durant sa course, la jeune fille avait bousculé quelqu’un de particulier, un jeune homme qui tomba à terre. C’était la deuxième fois qu’il se faisait bousculer ce mois-ci, à croire que c’était un punching-ball. Il leva les yeux sur la personne qui l’avait fait tomber et reconnu la jeune fille de la crique qui s’échappait. Bien décidé à se venger, le jeune homme la poursuivit. Au loin, il remarqua qu’elle s’était arrêtée, le garçon accéléra et agrippa la jeune fille à l’épaule. Dans cet élan, il commença à lui dire ses quatre vérités.

-          Pas si vite ! J’ai des comptes à régler avec toi, tu me dois des excuses, espèce de petite  pute. J’ai dû acheter un nouvel ordinateur et rattrapé TOUS les cours que j’avais sauvegardés sur le premier. Déjà que je te demande pas de me rembourser mais juste des excuses, tu devrais t’estimer heureuse. Est-ce que tu sais combien coûte un ordinateur pour un étudiant ? Et cerise sur le gâteau, tu as osé m’agresser. Est-ce qu-… Eh oh ! Tu m’écoutes ?!

Le garçon s’arrêta pour l’observer, il remarqua qu’elle avait les épaules secouées. Il la retourna pour voir son visage, au début il ne vit rien, la jeune fille avait la tête baissée. Le jeune homme prit sa tête entre ses mains et la releva doucement. Il y découvrit qu’un visage baigné de larmes, les yeux plein de tristesse et de détresse. Il ne sut que faire, paniqua et bredouilla des excuses. Comment consoler une fille en pleurs ?

-          Euh…s’il te plait pleure pas… je ne voulais pas te faire pleurer, je voulais juste…oh désolé !!! Hum… Qu’est-ce que je peux te dire ? Désolé ? Non, je te l’ai déjà dit… Je suis vraiment, vraiment, vraiment, vraiment désolé. Je t’en prie pardonne-moi, c’était pas mon intention. Euh… une fille qui pleure c’est moins jolie alors euh…

Mana finit par rire, amusée par la tentative maladroite du garçon.

-          Pff…t’es vraiment con !, dit-elle entre deux rires.

Lui aussi se mit à rire, comprenant qu’il avait vraiment l’air d’un idiot. Tous deux se dirigèrent vers la crique. Sur le chemin, ils firent connaissance. Le jeune homme se nommait Ethan, c’était un jeune étudiant de dix-neuf ans. Ethan, en confiance, montrait de la sympathie et un côté taquin. Mana trouvait qu’il était d’une beauté simple avec ses yeux verts et ses cheveux châtains coiffés de manière à ce qu’ils soient décoiffés mais sa voix était particulièrement suave et grave. Il portait un tee-shirt simple et un jean troué.

Arrivés à la crique, ils se mirent à parler.

-          Alors, petite pleurnicharde, pourquoi pleurais-tu ?, demanda-t-il, le sourire moqueur.

Le sourire de Mana s’estompa, la tristesse la regagna et elle se referma sur elle-même. Ethan se rendant compte de son erreur, reprit avec plus de sérieux le sujet.

-          Si tu veux parler ou bien pleurer sur une épaule, je suis là, dit-il avec douceur.

Elle hésita mais ce dit finalement pourquoi pas et lui raconta tout ce qu’elle avait sur le cœur. Voyant qu’elle allait recommencer à pleurer, il l’a pris dans ses bras et la berça. Gênée par cette proximité, elle le repoussa avec force. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être proche des garçons de cette manière, elle se bagarrait avec eux mais ne les câlinait jamais, c’était une pote rien de plus. Ethan, surpris par ce brusque geste, se demanda encore une fois s’il avait fait quelque chose de mal et ne vit rien. Que c’est compliqué, les filles !

Depuis ce jour, ils se revoyaient souvent à la crique où ils parlaient de tout et de rien. Mana s’était trouvée un véritable ami, elle se sentait enfin comprise. Quant à Ethan, Mana était pour lui une jeune fille fascinante qu’il prenait plaisir à découvrir chaque jour. Cependant, la session de partiels était arrivée, il était donc plongé dans une intense révision, ne pouvant pas du tout aller aux rendez-vous et joindre Mana. Celle-ci n’était au courant de rien, alors quand il disparut sans un mot, elle se sentit abandonnée. Seule et sans amis, n’étant toujours pas retournée à l’école, elle commença à déraper. Du jour au lendemain, elle se mit à voler dans les petites boutiques pour passer le temps, puis elle s’attaqua aux maisons, une en particulière avait attiré son attention. Le jour du cambriolage, Mana s’était habillée de manière à ne pas se faire prendre, elle grimpa à l’arbre qui se trouvait dans le jardin et arriva à une fenêtre du haut avec agilité. La pièce dans laquelle la jeune voleuse rentra était une chambre, elle effectua un rapide coup d’œil. Il n’y avait rien d’intéressant à prendre. Au même moment le propriétaire rentra chez lui, après de si longs partiels tout ce qu’il voulait c’était prendre une bonne douche et surtout dormir, ainsi il monta à l’étage et commença à tourner la poignée. Mana, surprise, chercha rapidement une cachette et se cacha dans l’armoire, tandis que l’étudiant  entra dans sa chambre. Il retira son tee-shirt et entreprit de déboutonner son pantalon quand il se rendit compte qu’il avait oublié quelque chose dans son armoire, alors il s’apprêta à l’ouvrir. Mana vit une ombre masculine s’approcher dangereusement d’elle, son cœur battit la chamade, elle respira profondément, sans faire de bruit et se prépara à piquer un sprint vers la sortie. La porte de l’armoire s’entrouvrit doucement et en face d’elle apparut une silhouette familière. Les yeux ébahis, l’étudiant découvrit avec stupeur une personne dans son armoire mais n’eut pas le temps de l’identifier qu’elle s’en échappa déjà, le faisant tomber à terre. Mana ne chercha pas à reconnaître qui c’était et fonça en le bousculant. Ethan la reconnut et l’empêcha de s’en sortir en lui sautant dessus. Il lui bloqua tout mouvement et l’obligea à parler.

-          Qu’est-ce que tu fais là ? questionna-t-il avec colère

-          J’te rends visite. répondit-elle, un faux sourire au bout des lèvres

-          Non mais j’vais te croire, déjà t’es pas censée savoir où j’habite et en plus t’as essayé de t’enfuir. J’te le répète une dernière fois : Qu’est-ce que tu fais ici ?

-           ………….

-          T’as perdu ta langue ou quoi ? Tu veux que j’aille la chercher ?

Sur ces mots, il se rapprocha dangereusement d’elle réduisant la distance entre elle et lui. Mana réagit aussitôt.

-          T’approche de moi espèce de pervers. C’est bon, c’est bon j’vais te le dire. J’suis venue te voler même si je savais pas que c’était toi.

-          Quoi ?! T’as voulu faire quoi ? dit-il en se levant. Tu veux bousiller ton avenir ou quoi ?  Pendant que t’y es tu veux pas que j’te donne la fessée ?

-          T’as perdu une case mec ?

Se rendant compte que leur conversation était stupide, ils se mirent à rire puis Ethan reprit plus sérieusement. Il lui conseilla de retourner à l’école, avant même qu’elle ne proteste, il avança ses arguments. Le garçon disait que ce serait pour son bien, qu’elle verrait les choses autrement et qu’il vaut mieux supporter les filles maintenant que plus tard. Mana se laissa convaincre par son ami et alla à l’école le lendemain, ce qui fit grandement plaisir à sa mère.

Pendant les cours, elle se fit huer par ses camarades, reçut des boulettes de papier, des croche-pieds et un seau d’eau sur la tête, et en plus il fallut que monsieur Koe en rajouta.

-          Eh bien, mademoiselle Slalaman, vous nous faites l’honneur de votre présence. Il vous faudra rattraper tout le retard que vous avez accumulé depuis la rentrée. A moins que  vous ne soyez un génie, ce que je doute fort.

La classe ria aux éclats. Mana se sentit mal, elle n’appartenait définitivement pas à ce monde. Ses yeux ont commencé à lui picoter, elle allait pleurer. Ça y est, elle était devenue faible. Et tout ça à cause de lui, il avait tout chamboulé. Ethan était un garçon mesquin, menteur, manipulateur et pervers, il l’avait eue avec ses petits rires, ses belles paroles et son amitié. Maintenant c’était fini, elle ne lui ferait plus jamais confiance. L’ancienne Mana revient, celle qui ne pleure pas, celle qui se bat, celle qui est une dure, celle qui n’a besoin de personne et celle qui, à présent, se fiche de tout. Cette journée à l’école avait été décisive, elle arrêterait tout…

Le soir en rentrant chez elle, elle déclara à sa mère qu’elle arrêtait l’école définitivement. Madame Slalaman resta bouche bée, le temps de digérer l’information puis lui lança un « Quoi ? ».

-          Répète un peu ? J’ai cru mal entendre, tu as dit que t’arrêtais l’école ? Tu as cru que c’était Noël ? Je te dis jamais, et je redis jamais tu ne quitteras l’école tant que tu vivras sous mon toit. Et puis quelle idée, arrêter l’école ! Je mettrais ma main à couper que sans diplôme que tu ne seras même pas capable de survivre une seule nuit dans la vraie vie. Tu veux arrêter l’école très bien, soit tu restes et tu continues tes  études, soit tu vires de chez moi.

 

-          Je peux plus rester ici, tu m’étouffes, j’en ai ma claque. J’me barre ! T’as compris ? J’ME BARRE !!!

 

Elle prit le nécessaire et s’en alla. Mana avait besoin d’un logement et après avoir erré longuement, elle se résigna et mit sa colère de côté pour demander l’aide de son ami.  Arrivée chez lui, elle sonna, Ethan lui ouvrit … Silence… Il reprit ses esprits, fit un sourire plein de sous-entendus et lui demanda.

-          T’es encore venue me voler ou bien… Désirais-tu passer la nuit avec moi ?

-          Ah ! Ah ! Ah ! Très drôle ! dit-elle ironiquement

-          Sinon qu’est-ce que tu fais là ?

-          J’me suis disputée avec ma mère. T’as pas besoin d’en savoir plus. répondit-elle sèchement

Le jeune homme la fit entrer, ne se posant pas plus de question. Il lui prépara un lit dans la chambre d’ami et lui fait visiter la maison, avant de s’excuser de ne pas être présent car il devait réviser. Mana s’installa, s’allongea sur le lit et sombra dans un profond sommeil. Le lendemain matin, Ethan la réveilla pour le petit déjeuner d’une manière particulière… On aurait dit qu’il était redevenu un gamin. D’abord il courut dans le couloir pour prendre de l’élan, puis fit un énorme bond sur le lit où se trouvait Mana qui rebondit et tomba lourdement sur le sol. Il rit aux éclats alors qu’elle le foudroyait du regard. Elle décida de se venger en faisant de même, ainsi Ethan se retrouva à terre et elle en rit. Il se releva et lui dit que le petit déjeuner était prêt, mais au lieu de descendre normalement elle fut portée par lui, en mode sac à patates, jusqu’à la salle à manger. Toujours dans son délire de gamin, il voulut lui faire un smack sur la joue mais, la jeune fille tourna la tête au mauvais moment. Et… leurs lèvres se touchèrent accidentellement. Elle en resta pétrifiée, les yeux agrandis. Pour une raison inconnue, son cœur se mit à battre la chamade et elle rougit. Puis se rendant compte de sa réaction purement féminine, elle péta une crise de nerf. Ethan essaya de la calmer en vain, cependant, elle n’en avait que faire, Mana l’accusa de l’avoir rendue faible, d’être la source de tous ses problèmes. Ethan l’interrogea sur la journée qu’elle avait passée au lycée, et découvrit que ce fut un enfer pour elle. C’en suivit une violente dispute.

-          Espèce de connard, t’as cru quoi ? que j’allais devenir une fille ? Tu auras beau m’embobiner, faire ce que tu veux, je ne changerais pas. De nous deux celui qui devrait changer c’est toi car t’es con, pathétique, et inutile. Tu ne vaux rien. Comment j’ai pu t’approcher ?

 

-          Non mais tu te prends pour qui déjà ? Je te signale que tu es chez moi et que je suis plus vieux, alors change de ton. Ecoute-moi bien je n’en ai rien à foutre de ta personne, tu peux bien crever ça me fait rien ! Et puis, si tu veux partir bon débarras, je n’entendrais plus tes pleurnicheries. Tu crois savoir ce que c’est la vraie vie ? T’es qu’une gamine insouciante ! T’as cru quoi ? que j’étais amoureux de toi ? Non mais t’es parano ! Et qui tomberait amoureux d’une fille qui n’en est pas une, une fille violente, impulsive, irrespectueuse, détraquée et abrutie !

Mana, furieuse, remonta dans la chambre d’amis, rangea ses affaires et partit de la maison dans un grand claquement de porte. « J’en ai marre du monde, qu’ils crèvent tous ! »

Sa première priorité fut de trouver un logement rapidement. Elle ne pouvait plus compter sur sa famille, elle n’avait que sa mère avec qui elle était brouillée, quand à Ethan… Mana devait se débrouiller par elle-même. Ainsi la jeune fille alla à la banque, puis consulta son compte épargne, sur les 1 600€, elle prit 1 400€ puis alla dans une agence immobilière pour louer l’appartement le plus abordable pour elle. Mana paya deux mois loyers de 600€ et emménagea. Son appartement était minuscule, meublé avec de vieilles affaires et poussiéreux, en un mot il était pourri. Elle ne s’en plaignit pas car maintenant qu’elle avait trouvé un logement, il lui fallait un travail pour subvenir à ses besoins. L’adolescente fit le tour du quartier à la recherche d’une annonce d’emploi. Mais sans qualifications requises, elle ne pouvait rien faire, personne ne l’acceptait. Un gars vint l’accoster un soir dans la rue, il lui proposa un travail dans un bar où elle serait rémunérée mais pas officiellement déclarée. Sans autre solution, elle accepta. Alors ses nuits furent rythmées par les services au bar, quant au matin, elle travaillait chez McDo. Au bout de trois mois, l’argent vint à manquer, le loyer était impayé et le propriétaire ne cessait de le lui rappeler. Mana comprit enfin de quoi sa mère et Ethan parlaient, la vraie vie. Une vie où vous ne savez pas de quoi est fait demain, où vous devez vous battre pour survivre et où, si vous ne faites pas attention, vous entraînera dans une spirale infernale. Ses nerfs allaient lâchés, elle n’en pouvait plus ; une grande solitude l’entourait, elle ne pouvait parler à personne, compter sur personne. Mana était abandonnée à elle-même dans une nature monstrueuse, petit à petit, elle se sentait glisser vers un abîme sans fond, de désespoir, une sorte de prison de la vie. En fait, la jeune fille descendait vers les enfers, et cela lui faisait pitié, elle qui était si forte, ne pouvait rien changer à sa situation… elle était piégée, seule et terriblement faible.

Avec des efforts surhumains, elle réussit à payer le troisième mois et le quatrième qui furent ses derniers, le propriétaire, de peur qu’elle soit incapable de payer les autres mois, la renvoya. La jeune fille se retrouva à la rue, avec ses seuls biens, son sac et ses affaires. Elle ne savait quoi faire, un combat intérieur faisait rage dans sa tête. Devait-elle mettre sa fierté de côté et aller voir Ethan ou devait-elle garder la tête haute et continuer ? Elle fit le pour et le contre, et choisit la deuxième option. Mana mit ses idées au clair et chercha un endroit où elle pourrait dormir. La meilleure option c’était de se cacher et de dormir au bar. Elle prit la direction du bar et y travailla. Quand il fut l’heure de la fermeture, la jeune fille se cacha dans les toilettes et en sortit que lorsqu’elle fut sûre d’être seule. Elle se coucha à même le sol sale, dur et froid, et s’endormit avec difficultés. Son sommeil fut agité, elle cauchemarda sur la perte de son appartement et ce qu’elle ait perdu. Les jours suivants continuèrent sur cette lancée. Un matin, Mana fut convoquée par son patron. Ce dernier lui reprocha son manque d’hygiène, en effet, pendant tout ce temps elle ne pouvait se doucher et commença à empester une odeur nauséabonde mêlée à celle de l’alcool. Elle se fit virer de chez McDo. Sa situation chutait, chutait et chutait, sans fin. Quand est-ce que cet enfer se terminerait-il?  Son calvaire augmenta lorsque qu’elle fut découverte par son patron au bar qui la renvoya aussitôt. L’adolescente n’avait plus rien, ni maison, ni travail, ni argent, ni amis, ni famille. Elle se demandait commet elle était arrivé là. Ce n’était parti que d’une simple rentrée dans un lycée pour fille, elle avait ensuite rencontré Ethan, s’était lié d’amitié avec lui puis la relation avec sa mère s’était dégradée au plus haut point, celle avec Ethan aussi, elle avait voulu faire sa maligne mais c’était lamentablement rétamée. Quelle idiote, elle avait été !

Accoudé à sa fenêtre, un jeune homme pensait à son amie qu’il n’avait pas vue depuis quatre mois. Il était sérieusement inquiété, car il se souvenait qu’au bout de deux semaines elle avait été capable de se mettre au vol, alors il ne pouvait s’imaginer quatre mois… Décidé à la retrouver, il alla à sa recherche. Le problème c’était qu’il ne savait pas où chercher. Ethan chercha partout, dans tous les recoins qu’il connaissait, mais rien, pas une seule trace de son passage. Puis il fouilla dans sa mémoire et se souvint de la crique où ils allaient souvent. Motivé, il y fonça espérant la retrouver.

Mana, nostalgique, pensait au temps où elle était heureuse, alors que la pluie battait à son plein. Elle courut vers la crique, le seul endroit au monde qui pourrait la faire se sentir bien, elle avait besoin de sentir la présence réconfortante d’Ethan.

Ils arrivèrent tous deux à la crique de part et d’autre, mais ne se virent pas à cause du brouillard et se bousculèrent. Ethan perdit l’équilibre, tomba et ne se posa même pas la question, une seule personne pouvait lui faire perdre pied.

-          T’as pas perdu l’habitude toi ? dit-il souriant.

Mana, tellement émue, ne répondit rien et se jeta dans ses bras. Il rit en sachant qu’il lui avait vraiment manqué. Ethan la serra, mit son nez dans son cou et en respirant, sentit une odeur particulière.

-          Euh…Dis-moi, depuis combien temps t’a pris de douche ?

Elle était terriblement gênée par cette situation. Comment pouvait-elle lui dire qu’elle avait dormi dans un bar, qu’elle avait était dans des associations humanitaires pour manger et qu’elle n’avait pas pris de douche depuis longtemps…très longtemps.

-          Euh…ben…euh, tu vois… je ne sais pas comment te dire ça. C’est que…, bafouilla-t-elle

 

-          C’est bon, j’ai compris on en parlera ‘t’à l’heure.

Ils se séparèrent, et rentrèrent chez Ethan. Mana prit une bonne et longue douche, tandis qu’Ethan lui préparait un dîner. Elle le rejoignit à table, vêtue des vêtements de son ami. D’abord ils mangèrent, puis le jeune homme l’interrogea sur ses derniers mois et apprit ce qu’elle avait enduré. Au bout d’un moment il se fit tard et s’était l’heure d’aller dormir. Mana refusait de dormir seule et lui demanda timidement si elle pouvait dormir avec lui. Ethan, surpris, se demanda si c’était réellement la Mana qu’il connaissait, il se rendit compte que cette expérience l’avait changée, ce n’était plus la gamine sans connaissance de la réalité. Il accepta sa demande, ils dormirent enlacés l’un à l’autre.

Des semaines plus tard, ils s’étaient habitués à vivre ensemble. Etait arrivé le mois d’anniversaire de Mana, elle n’était pas du tout excité à l’idée d’avoir dix-sept ans mais Ethan voulu absolument le fêter et donc elle se résigna à cette idée. L’étudiant lui avait offert un pendentif en argent.

-          Tu cherches réellement à me transformer en fille ou quoi ? C’est pour les fillettes ça ! tu vois, moi, je suis plus chaînes et montres donc je n’aime pas ton cadeau…mais je le garde quand même. 

Il savait qu’elle était secrètement heureuse de son cadeau mais n’en dit rien. Son amie pouvait affirmer qu’elle était une marginale, jamais il ne pourra la croire complètement. C’était vrai qu’elle n’aimait pas les jupes, les robes et les maquillages et n’en portait jamais, néanmoins Mana restait une fille qui n’avait pas complètement grandie à côté de toutes ces frivolités féminines, c’est pourquoi elle avait sa véritable nature présente en elle en infime quantité.

-          Parfois on se demanderait qui t’as élevé un homme ou une femme ?

 

-           Aucun des deux, juste une marginale, répondit-elle souriante.

Un jour, le jeune homme s’était inquiété de l’avenir de son amie. Il devait mettre les points sur les i avec elle, cela faisait trop longtemps qu’elle avait quitté l’école. Mana devait y retourner, il la persuaderait coûte que coûte et s’il le faut l’aiderait, mais il fallait qu’elle prenne la décision elle-même. Il mit donc le sujet sur le tapis. 

-          Ecoute, tu devrais retourner à l’école. Laisse-moi finir. Je comprends que tu aies envie de tout arrêté mais tu ne devrais pas. Moi aussi, je suis passé par là.

 

-          Comment ça ? quémanda-t-elle curieuse

 

-          Il y a une chose que tu devrais savoir sur moi. Il y a deux ans et demi, j’étais dans le même état d’esprit que toi, j’en avais marre, je ne voulais pas travailler, ni aller à l’école.  Déjà, parce que mes parents étaient super stricts, ils voulaient choisir à ma place comme si c’était leurs études ou leur avenir et non le mien. J’étais plus dans la gestion alors qu’eux c’était la médecine. Ensuite, l’école m’ennuyait beaucoup, j’avais aussi beaucoup de pression concernant mes résultats parce que j’étais un bon élève et je ne pouvais décevoir personne. Un jour j’ai eu le malheur d’avoir une note en dessous de 15 en sciences et mes parents ont piqué une crise de nerfs, j’ai trouvé leur réaction totalement disproportionnée et non justifiée et ça m’a fait rager. J’ai quitté la maison précipitamment, et la ville par la même occasion pour me sentir plus libre, je n’encadrais personne là-bas. A l’époque je voulais tous qu’ils meurent. Au cours de mon voyage à moto, j’ai rencontré un dealer nommé Sam, et là j’ai découvert l’univers de la drogue. Si tu ne comprends pas… ça veut dire que j’en ai pris, j’en ai essayé de toute sorte genre de la marijuana, de la cocaïne et autre… Puis est venu le jour où il y eut une confrontation entre dealers, et j’ai été pris dans le combat sans le vouloir car j’étais ami avec Sam. Et là je me suis pris un coup couteau dans l’abdomen, à l’instant j’ai repensé à l’altercation avec mes parents. Je me suis dit que j’aurai dû avoir le courage de leur dire ce que je voulais réellement, abandonner n’est pas une solution ça montre juste que t’es un lâche. Bon, bien sûr je ne suis pas mort vu que je suis en train de te parler  mais je l’aurai été si les secours et les gendarmes n’étaient pas intervenus. Et dès que je suis sorti de l’hôpital, je suis rentré chez moi pour m’opposer à mes parents et leur exposer mes idées. Ils l’ont mal pris et ils m’ont mis à la porte mais je me suis senti mieux et libre, et je suis retourné à l’école pour faire enfin ce qu’il me plaisait. Tout cela pour te dire que tu as de la chance parce que ta mère a conscience de ce que tu veux faire et as toujours voulu le mieux pour ton avenir. Donc il est préférable pour toi de continuer à l’école. Et même si tu es dans un lycée pour fille et que tu ne les supportes pas, tu dois y aller car c’est ton avenir et pas le leur. En plus, le diplôme te protègera de tout un tas de problèmes comme le chômage et te permet de faire le métier de tes rêves. Prouve-leur a tous que tu n’es pas qu’une fille impulsive et violente et puis pense à ta mère qui s’est tuée à la tâche pour toi. Et…je me demande à quoi tu ressembles en jupe, et de quelle longueur elle est, dit-il avec un sourire mi- taquin, mi- pervers.

 

Mana avait été choquée par ce qu’elle avait entendu. Jamais elle n’aurait imaginé Ethan faire ce genre de chose ou avoir un tel passé. Ça avait dur pour lui avec ses parents alors qu’elle, elle avait sa mère qui l’aidait et l’aimait. Elle se sentit idiote et ingrate. La jeune fille réfléchit sur les belles paroles de son ami…il avait peut-être raison, mieux valait retourner à l’école…

-          Euh… attends, t’as dit quoi à la fin ?

 

-          On devient déjà Alzheimer ? répondit-il encore taquin.

 

-          Franchement tu deviens plus con de jour en jour !

 

-          Et toi de plus en plus mignonne, dit-il du tac au tac, le sourire charmeur.

Mana rougit à cette phrase. Elle se demandait ce qu’il lui arrivait à chaque fois qu’il avait ce genre de comportement, ce genre de sourire avec elle…la jeune fille avait une sensation bizarre au niveau de son cœur et de son ventre. Pour le premier, il s’affolait comme un petit oiseau et battait si fort qu’elle se demanda s’il y avait pas quelque chose de bizarre. Pour le second, elle sentait des millions de papillons voletant légèrement à l’intérieur, elle se dit qu’elle était malade. Oui ça ne pouvait être que ça  parce que sans aucune raison, lorsqu’il a dit cette phrase, par coïncidence, elle s’était sentie particulièrement bizarre. Mana était fiévreuse, son cœur battait la chamade…et tout cela était de la faute d’Ethan. C’était un garçon particulièrement…

-          Rah ! T’es énervant, Ethan !, pensa-t-elle à haute voix.

 

-          Pourquoi tu dis ça ?

 

-          Euh…tu…euh, je…nous…, bafouilla-t-elle, tout en rougissant.

Ethan savait ce qu’il se passait dans l’esprit de Mana, il jouait l’imbécile devant elle. Mais il faut dire que cette dernière ne le laissait aucunement indifférent. Il adorait la taquiner, lui jouer des tours, et justement un avait germé à l’instant dans son cerveau particulier. Alors sans crier gare, Ethan s’approcha de Mana, lui prit le menton entre deux doigts et sourit malicieusement. Mais, il ne s’attendit pas à la réaction de son amie. La jeune fille avait été prise de court lorsqu’il lui avait pris le menton. Ses idées s’étaient évaporées, sa conscience s’était envolée et tous ses sens s’étaient enflammés. Son corps bougea tout naturellement, elle s’avança vers le visage d’Ethan et ferma les yeux… Ethan était particulièrement surpris, mais ne put résister à la tentation. Il s’avança doucement, leur visage était particulièrement près quand… il l’embrassa sur le front. Mana en fut tellement déçue et rouge, qu’elle ne sut comment réagir et que dire. Ses yeux durent exprimer de l’incompréhension pour qu’Ethan se décide à lui donner une explication.

-          Pas si vite mademoiselle, tout à un prix dans ce monde. Ça veut dire que si tu veux que je sois ton petit ami, hé ben il faudra avoir ton bac. Et attention, avec mention mademoiselle ! Et si tu as au moins un master peut-être que j’envisagerais de me marier avec toi.

 

-          Qu-Qu-Qu-Qu-Qu-Quoi ?!

 

Mana ouvrit les yeux ronds, elle n’était pas habituée à entendre ce genre de chose et encore moins à ressentir un truc pareil. Elle tomba des nues…

-          Ah ! Cette fois c’est toi qui es tombée, se moqua Ethan.

Après ce jour-là, Ethan avait réussi son objectif : Mana était de nouveau à l’école. Bien sûr ce ne fut pas simple, elle avait quand même raté cinq mois d’école, donc il dut « payer des frais de réintégration ». Même si elle était revenue, cinq mois d’absence c’était dur à rattraper, heureusement qu’il avait été dans la même filière qu’elle et qu’il l’avait pu l’aider. Ce qui le chagrinait  c’était que Mana était toujours en froid avec sa mère, il décida de les réconcilier. Pendant qu’elle était au lycée, Ethan rendit visite à madame Slalaman. Celle-ci fut surprise de voir sur son palier, un jeune homme qu’elle ne connaissait même pas et qui disait connaître sa fille. D’abord elle fut choquée, mais vit que ce jeune homme était particulièrement sincère et l’invita à entrer. Même si elle ne le montrait pas, madame Slalaman s’était inquiétée de l’état de sa fille, elle n’avait plus eu de nouvelles durant des mois. Ce jeune homme particulièrement charmant, qu’elle appréciait déjà, lui raconta toutes les épreuves qu’avaient dû endurer sa fille. La mère fut saisie par de la tristesse et de la culpabilité,  elle avait justement voulu lui éviter cela. Cependant, elle fut heureuse quand il lui apprit que Mana était retournée à l’école. Et quand il lui proposa de revoir sa fille, elle se renfrogna mais l’amour d’une mère est plus fort que tout. Ils se mirent d’accord sur un jour et puis Ethan s’en alla.

Une fois arrivé à la maison, il alla dans la chambre où Mana révisait intensément et l’embêta.

-          Je ne te savais pas si sérieuse !

 

-          La ferme !  Je travaille comparée à certain, dit-elle sans lever de ses bouquins.

 

-          Ça te dit de sortir demain au parc ?

 

-          Ouais, ouais…

Le lendemain, dès la sortie du lycée, Mana alla au parc sans se douter qu’il y aurait une certaine personne. Qu’elle fut la surprise quand elle vit sa mère en train d’attendre ! Un instant, elle songea à rebrousser chemin mais elle décida d’affronter sa mère comme Ethan l’avait fait avec les siens.

-          Ça faisait longtemps maman.

 

-          C’est tout ce que tu as me dire après tout ce temps.

 

-          On ne va pas se disputer maintenant, tout ce que j’ai à te dire c’est que… je suis désolée maman. J’ai compris la leçon et tout ce que tu as enduré à cause de moi.

 

Toutes deux, trop fières pour pleurer, se firent un câlin de réconciliation et une tape amicale qu’elles avaient l’habitude de faire. Mère et fille s’étaient retrouvées.

-          Oh fait, qui est le jeune homme qui est venu me voir hier ? Ton petit ami ? demanda la mère un sourire malicieux sur le visage, elle tenait tellement à son gendre.

-          Pff ! pff ! pff ! N’importe quoi ! répliqua Mana rougissante.

Mana retourna chez Ethan pour lui raconter ce qu’il s’était passé, elle essaya difficilement de le remercier mais renonça à l’idée. Ethan vit qu’elle essayait de dire quelque chose et tenta de savoir quoi.

-          T’as quelque chose à me dire ?

Les joues de la jeune fille se tintèrent de roses, elle ne s’imaginait pas lui dire à haute voix des remerciements. Elle avait sa fierté et elle y tenait, mais sa mère lui avait appris à dire merci c’était la moindre des politesses.

-          Eeuuhh… je…voulais…te…hum…, Mana baissa la tête, prise d’une soudaine timidité, puis continua. En fait… Merci.

 

-          Oooh ! Chest mignoon ! Elle bégaie, dit-il avec une expression moqueuse

 

-          Tss ! La ferme !, rétorqua-t-elle en boudant

 

-          Bon, maintenant que j’y pense…tu t’es réconciliée avec ta mère ? Donc tu peux rentrer chez toi ?

Ethan le lui avait demandé sur un ton sérieux mais ne le pensais pas du tout, il s’amusait déjà de la réaction de Mana qui ne se fit pas attendre. Elle avait l’air déçue, c’était à mourir de rire. Le jeune homme arrivait parfaitement à lire en elle comme dans un livre ouvert,  la jeune fille avait un visage si triste comme si toute sa joie s’était envolée en un seul coup. Ethan mit fin à son supplice.

-          C’est quoi cette mine ? Tu veux pas partir ? demanda-t-il taquin.

Elle hésita un moment avant d’avouer qu’elle voulait rester ce qui surprit Ethan qui s’attendait plus tôt à une réaction enfantine. Mais ce qu’il le prit le plus au dépourvu c’était qu’elle avait rajouté qu’elle voulait rester AVEC lui, il rougit.

-          C’est quoi cette réaction de primaire d’un million d’année ? se moqua-t-elle.

Le jeune homme rougit de plus belle et Mana en profita pour l’attaquer dans sa fierté d’homme, son amour propre. Elle avait enfin l’occasion de prendre sa revanche. Pour mettre fin à sa torture Ethan déclara qu’elle pouvait emménager mais il fallut d’abord demander à madame Slalaman. Ils allèrent donc chez elle. Cette dernière accepta sans l’ombre d’une hésitation mais dit à ses jeunes gens « Pas de bêtise ! Je ne veux pas devenir grand-mère maintenant. Plus tard, oui. ». Ils rougirent fortement à cette phrase. Quelques jours plus tard, Mana était déjà installée.

Le troisième trimestre se termina, il était l’heure du conseil de classe. Ethan et Mana stressaient beaucoup. Mana avait quand même raté cinq mois de cours, malgré qu’elle les avait tous rattrapés, ils n’étaient certains qu’elle les avait tous acquis. Le conseil de classe, fini, elle espérait l’appel de la déléguée et dut attendre une bonne heure avant d’avoir les résultats. Elle avait réussi et ses  professeurs avaient été agréablement surpris par le niveau d’une élève qui avait raté cinq mois d’école. Ainsi se termina l’année de première…

…Et une nouvelle année commençait...

Et cette année-là, Mana avait décidée de la suivre normalement. Ethan l’avait accompagnée à la rentrée pour éviter une nouvelle bagarre. Comme l’année dernière, son professeur principal était monsieur Koe quand ils se virent ils ne purent s’empêcher de s’exclamer à l’unisson :

-          Oh non… pas encore vous.

Sinon à part cela, la rentrée s’était relativement bien passée. Mana s’était même faite une amie qui  avait des goûts en commun avec elle, toutes deux ne supportaient pas l’affreux uniforme et cette ambiance trop « Bisounours ». Durant l’année scolaire, elle se fit une autre amie qui faisait du hockey sur gazon, elle la rencontra durant un match et depuis faisaient tout le temps du sport ensemble. Mais l’année fut surtout marquée par le Bac où elle révisa d’arrache-pied. Lors des résultats, Mana était anxieuse mais Ethan était là pour la soutenir. Elle espérait de tout son cœur avoir réussi… Elle chercha son nom dans la liste, le trouva, regarda le résultat et vit « Slalaman Mana- Admise mention Bien ». La jeune diplômée leva son poing vers le ciel et le ramena avec force et s’écria « Yes ! ». Ensuite elle se retourna vers Ethan pour lui annoncer la merveilleuse nouvelle, il sourit avant de lui donner un câlin et de la faire tournoyer.

-          Félicitations ! Tu as bien travaillé, y avait-il une raison particulière pour ça?

Elle le frappa avec le poing, et déséquilibré, Ethan tomba mais saisit le poignet de Mana et l’entraina dans sa chute. Ils rirent de bon cœur. Ethan la serra dans ses bras, se rapprocha de son oreille et lui dit :

-          Je t’aime Mana…

 

-          …et moi pas…

Cette journée, elle ne l’oubliera jamais…

C’est en pensant à son passé que Mana se lève et rajuste son chemisier. Mais aujourd’hui c’est différent jamais plus elle ne renoncerait.

Toujours anxieuse, elle s’avance vers le halo de lumière et elle entre dans la salle. Enfin commence son entretien d’embauche. Au début, tout se passe bien, mais ensuite… la patronne reconnait la candidate au poste d’avocate et voit en elle, la jeune fille qui l’a tabassée le jour de la rentrée de première. Alors que Mana répond à une question concernant sa motivation, la patronne se lève et frappe le bureau avec ses mains.

-          Espèce de salope ! Tu sais comment j’ai souffert à cause de ton coup de poing ?

 

-          Hein ? Aaaaaaaah.Purée…t’es la pétasse de la rentrée ! 

 

-          Comment t’m’parle ?

 

-          On ne t’a jamais appris à parler correctement ? Sérieux, comment tu fais pour être la patronne ?

La patronne essaie de gifler Mana mais celle-ci se défend en lui tordant le bras, sa victime pousse alors un cri aigu. Tout le personnel accourt et tente d’arrêter la bagarre, mais seule la sécurité y arrive avec quelques matraques.

En rentrant chez elle, furieuse, elle claque la porte d’entrée. Alerté par le bruit, un homme particulier vient voir Mana pour lui demander ce qui s’est passé. Mana annonce donc la mauvaise nouvelle à Ethan.

-          C’est pas grave, c’est juste la cinquantième fois…, dit-il en lui en faisant un câlin.

Elle boude au début, ensuite lui rend son étreinte. Elle a besoin de sentir sa présence particulièrement réconfortante. C’est vrai que sa mère lui a dit de ne jamais se laisser faire mais, elle en avait marre de tous ces entretiens. Ethan voit en Mana comme si elle est transparente, il sait ce qui se passe en elle. Il lui vient une idée particulièrement sournoise, il sait qu’elle ne se poussera jamais dans ses retranchements s’il n’y a pas une récompense à la clef.

-          Bon ben… je divorce, dit-il taquin en guettant sa réaction

 

-          Et ben OK ! Bon débarras ! , répond-elle en se séparant de lui.

 

-          Je sais que je te manquerai trop…

 

-          Pfffff ! Dans tes rêves oui !, rétorque-t-elle en lui donnant le dos.

Ethan lui prend la main, la retourne doucement vers lui et l’attire à lui en la tenant par la taille. La jeune femme sourit, rapproche son visage, met ses mains autour de son cou et essaye de l’embrasser mais il tourne la tête au dernier moment. Ethan se moque littéralement d’elle et Mana en est vexée. Il trouve qu’elle a une tête tellement mignonne quand elle est vexée, qu’il ne peut résister à l’appel de ses lèvres. Il soulève son menton, plonge son regard dans ses yeux et l’embrasse avec tout l’amour qu’il avait pour elle. Mana pense à cette instant que sa vie a été particulière.

Si elle n’avait pas été élevée par une marginale, si elle n’avait pas abandonné le lycée, si elle n’avait rencontré Ethan, si elle n’avait pas vécu toutes ces épreuves, jamais Mana en serait arrivé là. L’avenir c’est nous qui le façonnons…

    

 

-FIN- 



16/06/2014
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 7 autres membres